Le départ de Thierry Aillet Directeur Diocésain, se prépare…
A l’occasion du départ de Monsieur Thierry Aillet, Délégué Diocésain à l’Enseignement Catholique du Vaucluse, une messe d’action de grâce était célébrée mercredi 14 avril 2021 à l’église Saint-Agricol d’Avignon.
Remerciement de Thierry Aillet pour son départ
53 ans au service de l’Eglise dans l’Enseignement catholique, 15 ans en terres de Vaucluse c’est bien, ni trop long ni trop court, une bonne partie de la vie mais suffisamment dense pour n’oublier aucune escale ou nous chargeâmes tous ensemble des cargaisons d’avenir et, les soutes pleines, reprendre la croisière sans brasser d’air, les huniers attentifs, l’équipage tantôt fébrile, tantôt abattu mais toujours confiant malgré parfois les murmures du mauvais œil, et le petit cri de mutins que couvre le chant des marins. Aurais-je encore dans ma mémoire, vibrantes comme l’air sur le rouche de mes lieux, les derniers et premiers accents de la symphonie des vents qui gonflèrent les voiles du navire ?
Je n’avais pas jusqu’à ces derniers temps eu le temps de mesurer le temps qui passe. Je n’avais pas non plus envisagé de partir dans les conditions que le Seigneur me demande d’affronter. Les lumières du port scintillaient et j’avais commencé à affaler les voiles, des tempêtes on en a essuyées Marga et moi mais cette lame de fond n’apparaissait pas dans les radars, le crabe-tambour ne sonnera pas de la trompe au moment d’entrer dans le port et de jeter l’ancre, le crabe tout court s’est installé sournois. Devant les épreuves et les croix qui l’attendaient, saint François de Sales disait : « Ma chair frémit, mon âme les adore »…Je ne suis pas Saint François de Sales.
A méditer sur ces années, des lambeaux de souvenirs se rassemblent et font l’histoire et des histoires les unes indignes, les autres sublimes ; on oublie les premières et on s’accroche aux dernières pour n’avoir pas à se rider un peu plus d’un coup de gueule ou d’un courroux qui finalement se meurt tant en fait il est bref. Pour ne faire pas d’angélisme, les coups qu’on reçoit dans la vie – qu’ils soient soit familiaux, spirituels, relationnels, professionnels, matériels ou physiques, les coups disais-je, justifiés ou non, légitimes ou non, font partie du combat quotidien pour être meilleur et rendre meilleur.
« Caminante, no hay camino, se hace el camino al andar, y al volver la vista atrás se ve la senda que nunca se ha de volver a pisar. Caminante no hay camino, sino estelas en la mar… »
« Promeneur, il n’y a pas de chemin, c’est en marchant que se fait le chemin, et en jetant un regard sur le chemin parcouru on voit le chemin qu’on ne foulera plus jamais. Promeneur, il n’y a pas de chemin, il n’y a que des étoiles dans la mer. » écrivait Antonio Machado, poète castillan de la génération de 98.
L’homme qui reste dans le passé à ressasser en les mordillant les ressentiments et mauvais souvenirs n’a d’avenir que celui du surplace et la nuit le rattrape vite celui qui – comme ces vieillards titubants sur les décombres de leurs rêves- radote ses états d’âme. Je ne garde donc pour chacun d’entre vous et chacun des évènements qui nous ont permis de construire le quatre mâts barque sur lequel nous avons croisé, je ne garderai en mémoire que les moments où le vrai, le pur et le beau se conjuguent avec la mission première qui est la nôtre d’annoncer Jésus-Christ en le plaçant comme me l’avait demandé Mgr Cattenoz dans ma lettre de mission au centre de nos établissements. Jésus modèle unique au centre de nos écoles.
Pour cela, il a fallu qu’ensemble nous tenions.
• Tenir
• Tenir à la vérité
• Tenir à ses idées même contestées
• Tenir le cap contre vents et marées
• Tenir l’honnêteté face à la débrouille
• Tenir l’équipage quand il est agité
• Tenir à résister quand tout porte à l’abandon
• Tenir à la justice même quand elle est bafouée
• Tenir à l’honneur même quand on est calomnié
• Tenir à la fidélité même au dépens de la carrière.
• Tenir à la parole donnée contre toutes les lâchetés.
• Tenir et défendre les vertus et nager à contre-courant
• Tenir à sa liberté avec courage et sans concession
• Tenir à la droiture contre la trahison
• Tenir au pardon et croire à la miséricorde
• Tenir, tenir, tenir….
• Tenir à tout prix.
Mais qu’est-ce qui m’a fait tenir, me disais-je ces derniers jours, au fur et à mesure que chaque réunion qui se terminait me disait que c’était la dernière pour moi ?
Et bien je vais vous le dire : le sens de la mission bien sûr ; la passion du métier évidemment ; la qualité du travail en équipe, ça va de soi ; la foi inébranlable heureusement ; la certitude de participer à la construction intellectuelle professionnelle et spirituelle de notre jeunesse incontestablement ; l’espérance de participer à une œuvre qui me dépasse, deo gratias. Mais plus encore :
Ça fait plus de 54 ans que mon cœur bat pour la même femme, Marga, vous comprendrez aisément pourquoi il se porte bien d’ailleurs. Mais c’est son amour, sa lucidité, sa discrétion, son courage, sa patience, son abnégation, ses inquiétudes de ne me pas voir revenir de réunions de CA (toujours les mêmes, les plus éloignés et les moins faciles) à des heures bien avancées de la nuit et sa fidélité qui m’ont permis de ne pas m’effondrer souvent.
C’est aussi l’acceptation des miens, de mes enfants, petits-enfants à supporter mon absence, mes humeurs ou mes enthousiasmes que je n’arrive pas à bâillonner ; à supporter mes silences, mes rébellions ou mes utopies.
Le soutien de Papa, de mes frères et sœurs, mes cousins, ma famille française et ma famille espagnole.
Ce sont le Père Jean-Marie Gérard et Pascal Molemb, FMDD, mon Directeur de conscience le Père Paco,
C’est la fine équipe de la DD et de l’UDOGEC, de l’UGSEL, de la Fondation Saint Matthieu, l’équipe de l’Archevêché et du Cross-media,
Vous les Chefs d’établissement, APS, Prêtres référents, gens des OGEC et des APEL, bénévoles que j’associe à l’armée des ombres, bénévoles qui n’êtes pas avides de pouvoir ni bouffis de suffisance, bénévoles qui ne le criez pas sur les toits, vous les Congrégations et communautés religieuses, Notre-Dame de Vie, vous, moines et moniales du Barroux et de Sénanque, vous qui êtes devenus sur nos sentiers bénédictins des amis, vous tous qui, comme l’écrivait Denoix de Saint Marc, avez fait que dans notre diocèse, « les citadelles de l’esprit durent plus longtemps que les murailles de pierres ».
Et puis c’est l’océan, la pêche, les bateaux, les chevaux, la littérature, la musique, la poésie.
La plume qui me sert à répandre sur la page vierge mes cris, mes larmes, et mes élans de l’homme à Dieu pour plagier Henri Massis. J’en userai plus désormais et peut-être plus librement d’ailleurs.
Et puis la prière, la prière, la prière exaucée. Comme Léon Bloy rappelant dans « la Désespérée » sa montée hivernale aux portes de la Grande Chartreuse et offrant à Dieu son âme cabossée à ressemeler.
Voilà, passant pleine l’âme du parfum des marées et des fleurs, j’emporte toutes mes origines en paquets lourds de la belle argile à mes chausses en Périgord, entre Bretagne et Cantabrie. Choix que nous avons fait pour nous retirer.
« Je suis mes propres pas » aimais-je à croire. Dieu me rappelle à l’ordre et me dit que mes chemins n’étaient pas les siens. : « Dieu n’est pas venu dans le monde pour supprimer la souffrance, pas même pour l’expliquer, mais pour la remplir de sa présence ! » écrivait Claudel.
J’ai fait depuis des années mienne cette devise de Monsieur de Charrette : « Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais ! »
Merci à tous pour la belle œuvre sous le regard bienveillant de Jésus-Marie Joseph.
MERCI, Monsieur Aillet !
MICHEL CARLETTI, ANCIEN DIRECTEUR DIOCÉSAIN DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE DU DIOCÈSE DE NICE
Cher Thierry,
Au moment de se séparer, il est fréquent d’exprimer la promesse de se revoir, pour atténuer la tristesse du départ. Mais le plus souvent, chacun suivant le sien, rares sont les moments où les chemins se croisent, et c’est avec nostalgie, de douceur ou d’amertume, que l’on évoque le souvenir de ceux que nous avons aimés. La vieillesse y contribue encore davantage, ayant plus de souvenirs que si nous avions mille ans, et beaucoup d’interrogations sur le temps qui nous reste à en collectionner d’autres. Des souvenirs, nous en avons ensemble, Thierry, puisque qu’au moins pendant les cinq années où nous avons été collègues dans la province métropolitaine de Marseille, nos rencontres ont été régulières et fréquentes, et ont tissé peu à peu des liens qu’au moment où je prononce ces paroles, je vois avec émotion solides et lumineux.
Lorsque je t’ai rencontré et écouté la première fois, c’était à Cannes, à propos de cet étrange concept pédagogique appelé « culture religieuse », que ni la promotion de l’ancien guévariste Régis Debray, ni le travail de René Nouailhat, n’ont pu réussir à intégrer au programme de l’Education Nationale. Tu y étais comme tu es aujourd’hui, sincère et sans concession dans tes convictions, ne craignant pas de t’exposer, ni de froisser les esprits chagrins. Il me semblait être assez loin de ta vision ecclésiale, toi qui portes avec fierté une cravate fleurdelysée, et fréquente avec assiduité la messe célébrée en mémoire de l’exécution du roi Louis XVI, chaque 21 janvier. Je te regardais avec intérêt toutefois, comme collègue chargé des mêmes peines, bien sûr, tant est fort l’esprit de corporation, mais aussi éveillé par la différence, qui nous invite à nous ouvrir à l’altérité. Ce n’est pas en dissimulant ce que l’on est que l’on emporte la confiance.
Toi, Thierry, tu ne te dissimules pas, tu avances avec un visage accueillant, un rire franc, jamais moqueur, tu portes les toasts joyeusement à la manière de ton grand-père, tu célèbres la Bretagne et le pays nantais, ton épouse et ta famille, tes enfants et tes petits enfants, l’Espagne, les chevaux, les huîtres de Cancale, la littérature patagone, avec cette confiance en la vie qui réjouit les âmes. C’est cette confiance-là qui renforce les liens, que tu accordes volontiers, avec enthousiasme souvent, et qu’il est bon de mériter. Sans doute m’envoyais-tu en mission en espérant que mes dispositions pour la diplomatie compenseraient ta décapante franchise, mais je me rendis compte que ta confiance avait une autre source, à laquelle tous nous cherchons à nous abreuver, celle de notre Foi, qui donne sens à toutes nos actions, qu’elles soient justes ou hasardeuses, et que la Vérité éclaire. Voilà qui fait l’unité de l’Enseignement Catholique, la Foi de ceux qui croient que dans l’acte éducatif, il y d’abord la confiance en la présence du Christ en chacune des personnes qui composent nos communautés éducatives. Thierry, tu t’es efforcé de maintenir ce trésor, et tu as provoqué en chacun de ceux dont tu as la responsabilité, la flamme de l’Évangile.
Le regard que tu portes sur les autres est d’abord celui de la confiance. Ce ne sont pas les choix idéologiques qui te guident, mais bien la valeur humaine des personnes, je m’en suis rendu compte lorsque tu étais président du Comité Régional de l’Enseignement Catholique et que nous négocions avec les responsables politiques. Ce ne sont pas non plus les perturbations humorales qui entament ton amitié. J’ai le souvenir d’une engueulade à l’ISFEC de Marseille dont l’effet ne fut pas plus conséquent qu’une pluie de printemps sur un jardin renaissant. Tu suscites par ta familiarité bienveillante le désir de bien faire, et le travail commun.
Un jour de réunion ARDDEC, ces rencontres studieuses entre Directeurs Diocésains, comme nous gravissions l’escalier d’accès à la Tour Bellanda, à Nice, tu manifestas une inquiétante faiblesse respiratoire, et je t’aidai à achever cette modeste ascension. Malgré ce tourment physique, jamais tu ne ralentis dans ta mission, fidèle à ta promesse, même au-delà de ta retraite, dont le repos aujourd’hui est perturbé par une sérieuse nouvelle maladie. On peut se désoler de ces atteintes à nos corps, mais toi, tu gardes, comme Job, la confiance en notre créateur, tu n’ignores ni la peur ni la souffrance, mais tu regardes vers la lumière.
C’est pourquoi ce n’est pas la nostalgie ou la tristesse qui présideront à notre séparation, puisque tu gardes cette joie profonde liée à la certitude de la présence de notre Seigneur parmi nous, lui qui nous indique la Voie, lui qui est la Voie. Tous ceux qui croient en l’Enseignement Catholique auront à cœur de continuer ce que tu as aidé à construire, désireux de ne pas te décevoir.
Michel Carletti
DANIÈLE BARAZZONI ET CAROLINE ULPAT AU NOM DES CHEFS D'ÉTABLISSEMENT
A Monsieur Aillet
– Il y a des doyens de l’humanité,
– des doyens de France
– des doyens de l’assemblée nationale
– des doyens d’université
– des doyennés
– des doyennes de l’Enseignement Catholique de Vaucluse, que nous sommes !
– C’est à ce titre que nous avons l’honneur et le délicat exercice de nous adresser à vous,
– Monsieur le Délégué Épiscopal,
– Monsieur le Directeur Diocésain,
– Monsieur Aillet,
– Thierry,
– Cher Titi.
– Il va sans dire que notre propos sera à prendre à la fois au premier et au second degré, ce qui est aujourd’hui possible car vous avez œuvré à créer un véritable corps des Chefs d’établissement, au sein de ce diocèse, et au-delà des apéros de nos régions et du beurre salé….
– quoique
– Vous qui avez une profonde aversion pour les réseaux sociaux, permettez-nous le temps de cet hommage, de créer pour vous votre page Facebook,
– votre insta.
– On y mettrait des mots choisis, des lieux et des situations qui feraient écho tel Ulberto !
– Primo, il n’y avait pas de plage ni de coquillage, le ciel était bas, la salle glauque, loin d’être accueillante, c’était le jour de votre débarquement dans notre diocèse…une atmosphère plombante, une mer agitée qui aurait pu très vite vous faire barrer à l’Ouest.
– Pourtant en bon marin que vous êtes, vous avez su naviguer dans ces eaux troubles, partager la barre et commencer à donner le cap.
– Hisse et ho ! Santiano…
– Non !
– Bon…
– Très vite, il nous est apparu que nous nous dirigions vers le cap de Bonne Espérance et que nous pouvions vous suivre en toute confiance.
– Première escale, les RDV du mercredi ! Notre Thalassa à nous.
Ces rencontres institutionnelles et conviviales de l’ensemble des CE que vous aviez pour coutume d’appeler « assemblées générales des Chefs d’Etablissement » ont contribué à ancrer des liens entre nous tous, liens professionnels, liens de fraternité, liens d’amitié.
– Votre intégrité, votre discours de vérité, votre sens du service, de l’intérêt général primant sur l’intérêt particulier ont parfois échauffé les esprits, dérangé les habitudes, mais ont conduit à des décisions concertées, guidées avant tout dans l’intérêt du diocèse,et cela sans jamais vous laisser
détourner par le chant des sirènes de la Méditerranée pourtant si proche !
– Ainsi, un nouvel horizon s’ouvrait, permettant à chacun d’entre nous de trouver sa juste place. Comme au fil de l’eau, ces temps de rencontres nous ont fait grandir en spiritualité, en humanité, en humilité.
– Il nous reste cependant du chemin à faire pour comprendre le Thierry Aillet dans le texte, parfois abscons à moins que breton !
– Contre vents et marées, vous avez enrichi et ouvert nos esprits en nous faisant rencontrer des intervenants engagés, parfois dérangeants mais générant souvent un questionnement, questionnement sur nous-mêmes, sur nos établissements, sur notre mission, notre
transmission, sur nos pratiques auprès des enseignants et des jeunes.
Cette posture de premier de premier de cordée, pour reprendre une de vos expressions, a été pour nous un témoignage de la pédagogie par l’exemple.
– Ce chef au pied marin que vous êtes, par son exemplarité, a su à travers ses nombreux témoignages, nous embarquer vers un réel partage d’opinions, d’idées, de projets et même de moyens ! A tel point que comme une évidence, nous n’avions plus qu’à marcher dans vos pas.
– Oui, Monsieur Aillet, votre intime conviction de faire grandir chacun, enfants ou adultes, a trouvé un écho dans nos établissements, nous pouvons tous en témoigner.
– En effet, éduquer, sensibiliser à la différence, participer à la construction des jeunes, quelques soient leur âge et leurs difficultés, est aussi un de vos cheval de bataille.
– Soutenir, organiser et participer aux rassemblements des jeunes pour les journées de la Sainteté, sur Marie ou de la Miséricorde, rassembler avec Jean-Paul jusqu’à 4000 élèves pour les journées UGSEL comme Terre d’enjeux, le centenaire de l’Ugsel ou Challenge
Sport Santé… même les Bretons n’ont jamais osé !
– Vous n’avez pas eu besoin de longue vue pour poser sur chacun de vos CE, un regard bienveillant, positif, charitable. Vous n’avez cessé de nous transmettre votre intime conviction que l’homme est profondément bon.
– Quelle source de réconfort et quelle résonance en chacun de nous !
– Cependant, vous avez aussi pu vérifier dans des circonstances difficiles l’adage de Michel Audiard selon lequel « certains osent tout et c’est même à cela qu’on les reconnaît ». Dans ces cas-là, le corsaire qui sommeille en vous se réveille, et vous partez à l’abordage !
– De capitaine à cavalier, il n’y qu’un pas !
A chaque obstacle important que nous avons pu vivre dans nos établissements, vous saviez nous remettre en selle, et nous redonner confiance, en lâchant doucement la longe.
– Si nous devions choisir un point d’orgue dans votre carrière de Directeur Diocésain, ce serait l’édification et l’organisation des séminaires, que bien d’autres diocèses nous envient.
– Nous avons commencé au pas, à Vaison la Romaine et Buis les Baronnies, puis nous sommes passés au pas Espagnol avec Viviers, nous avons franchis les obstacles à ND du Laus, et sommes passés au trot à Théoule sur mer. Puis est venu le temps du galop à Rome
et du grand galop en Terre Sainte ! Enfin, nous avons pu faire une belle reprise en carrière lors du séminaire à Marseille.
Que de souvenirs !!!
– Viviers ! Un magnifique lieu à recommander en cas de confinement ! Pas de risque de tentation, pas besoin de carte bleue, seul point de ralliement la boulangerie et la boucherie! Un silence propice à la médiation et la contemplation vécues aussi lors de notre longue marche jusqu’à la
Vierge, au sommet de Viviers où nous avons pique-niqué !
– Buis les Baronnies, nos premiers vrais fou-rires, bien arrosés, entre chefs d’établissement 1et 2 degré rassemblés le soir après nos journées de travail et de réflexion.
– Notre Dame du Laus, un tout autre ton ! Nous avons traversé un orage.
– A moins que ce soit l’orage qui nous ait traversé…
– Nous avons essuyé pour certains quelques gouttes … de pluie, puis, comme l’avait fait remarquer avec beaucoup de douceur la sœur qui nous accueillait, le ciel s’est éclairci et le soleil est revenu au moment même où nous nous mettions en marche. N’est-ce pas cela la grâce ?
– A votre demande, Monseigneur, par un soir de fièvre, nous avait ouvert son cœur et parlé de son enfance.
– Son parcours et son partage nous ont laissées muettes… Et ce n’est pas peu dire !
– A Théoule, dans ce lieu splendide, face à la mer, sous un magnifique soleil d’octobre, nous avons découvert que nous pouvions être, – que nous étions – des minorités créatives ! Nous avons partagé nos intimes poèmes choisis, partagé nos forces et nos faiblesses, notre génie créatif et nos talents.
Nous sommes un petit diocèse mais, avec vous, nous avons accompli de grandes choses ! N’est-ce pas cela la définition même des minorités créatives ?
– Puis est venu Rome ! Répartis dans les minibus, nos valises tant bien que mal embarquées, le périple a commencé ! Que de joie, de temps de partage, de connivence nous avons vécus au cours de ce pèlerinage !
Mais aussi, que d’émerveillements, que d’apprentissages, de témoignages, de rencontres insolites toutes plus enrichissantes spirituellement, humainement les unes que les autres au cours de notre séjour. Monseigneur, nous avait même fait l’honneur de partager le limoncello du soir ! Encore un moment de grâce.
– Et le pape François revenant sur ses pas pour bénir la foule, juste dans notre allée ! L’enseignement Catholique de Vaucluse a été béni par le Pape !
– Reste tout de même une ombre au tableau ! Notre Marcel National qui, pris d’une envie de nous faire découvrir Rome la nuit, brûlait les feux rouges, ignorait les sens interdits au prétexte que nous étions en Italie !
– Enfin notre pèlerinage en Terre Sainte. Quelle idée merveilleuse ! Quelle chance pour chacun d’entre nous, qui pour nombre n’y avait jamais été. Et pourtant que de réticences et de peurs, mais vous avez su nous rassurer, nous convaincre par votre calme et votre Foi !
10 jours, 10 jours pendant lesquels nous avons vécu l’année liturgique de la Naissance de Jésus à sa Résurrection. Tant d’images, de rencontres, de partage, de petits cailloux comptés au Lac de Tibériade, tant d’enseignements et de prières in situ !
Et Bethléem, Bethléem où nous avons failli créer un incident diplomatique en chantant dans l’étable « Il est né le Divin Enfant… » !
– Tu vas chanter Caroline ?
– Non pas cette fois Danièle !
Plus jamais, cher Monsieur Aillet, nous ne vivrons un seul chemin de croix sans avoir une pensée émue pour celui vécu dans les rues de Jérusalem jusqu’au Saint Sépulcre !
Et que dire du carnet de chants et en particulier du chant numéro 4 !
– Dis Caroline, c’est quoi le Chant Numéro 4 ?
– Ah cette fois je suis obligée ! Mais avec vous tous ! Chant n° 4 !!
De toi, Seigneur, nous attendons la vie Que ma bouche chante ta louange
Tu es pour nous un rempart un appui Que ma bouche chante ta louange
La joie du cœur vient de toi, ô Seigneur Que ma bouche chante ta louange
Notre confiance est en ton nom très saint Que ma bouche chante ta louange,
Sois loué, Seigneur, pour ta grandeur, Sois loué pour tous tes bienfaits,
Gloire à toi, Seigneur, tu es vainqueur, Ton amour inonde nos cœurs,
Que ma bouche chante ta louange …
– Enfin, le séminaire de Marseille, apothéose des séminaires dans l’enseignement Catholique de Vaucluse. En octobre 2020, en plein confinement, vous nous offrez le luxe d’une promenade dans les calanques, sur cette Méditerranée que vous appelez grand lac.
– Nous avons compris, à ce moment-là votre passion pour la navigation et à quel point vous aviez le pied marin !
Cher Monsieur Aillet,
Tel un pasteur vous avez su nous rassembler dans le Christ,
En précurseur, vous avez su révéler ce diocèse à lui-même,
En bon père de famille, vous nous avez permis de devenir qui nous étions !
Seuls dans notre tâche de CE, nous avons pu l’être, mais votre duo avec Hervé, la présence de Fabien et de toute votre équipe de la DDEC, votre regard, votre confiance, vos paroles et votre espérance ont été des soutiens et des moteurs qui nous ont permis de nous sentir épaulés dans les moments difficiles, qu’ils soient professionnels ou personnels.
Et à l’avenir, quand nous trinquerons entre nous, nous le ferons à la manière de votre grand-père, à la Bretonne, « Je lève mon cul pour boire, Vive Dieu et vive le Roi !
– Beuvons ! » (en off : Si on m’avais dit un jour que je dirai ça et dans une église en plus!)
– En notre qualité de doyennes des chefs d’établissement, cher Monsieur Aillet, nous avons ouvert virtuellement ce compte FB et votre insta. Reste désormais à tout un chacun d’y ajouter des pages.
– Nous savons que la poésie, la lecture, l’écriture sauront accompagner votre retraite. Nous attendons de pied ferme vos publications.
Monsieur Aillet, Thierry,
Au nom de l’ensemble des chefs d’établissement du diocèse,
– merci et kenavo !
Au nom de toute l’équipe, Danièle et Caroline
PS : Nous avons oublié de parler des pleureuses mais manifestement vous avez pu constater que nous étions toutes bien présentes !
HERVÉ LAURENT, AU NOM DE L'ÉQUIPE DE LA DDEC ET DE L'UDOGEC
Confier à un informaticien de formation l’écriture d’un texte pour rendre hommage à un homme de lettres, c’est un comble ! C’est comme demander à M. Aillet de programmer une réunion de visioconférence zoom, l’issue est incertaine. Mais pour vous M. Aillet et par fidélité, il était normal de l’accepter.
Nous connaissons tous la qualité de votre plume. Si quand elle est utilisée dans un cadre administratif et institutionnel elle peut parfois être acerbe, quand elle se veut créative alors les mots et les rimes s’enchaînent dans une douce et belle poésie.
En l’absence de ce talent et afin de lever toute ambiguïté, vous comprendrez très vite à la lecture de ce texte que l’écrivain d’un jour que je suis n’a pas la prétention de voir l’élève dépasser le maître.
En revanche, M. Aillet, cet exercice m’aura permis de faire l’expérience de la page blanche. Non pas qu’il n’y ait rien à dire sur vous, bien au contraire, mais parce que ce départ met fin à une relation avec l’ensemble de l’équipe, qui est bien au-delà de la relation professionnelle. C’est donc beaucoup d’émotions que de trouver les mots pour le partager.
Et puis comment parler de vous en moins de 10 minutes ?
Original, atypique, singulier, pittoresque, anticonformiste, chacun de ces adjectifs donne à voir un peu de ce que vous êtes mais aucun ne peut pleinement vous caractériser. En réalité, longtemps nous avons cherché à trouver le terme exact qui pourrait vous définir sans jamais y parvenir. Sauf qu’un jour, au détour d’une conversation, Jean-Christian Dhavernas a dit avec justesse cette phrase : « M. Aillet n’est pas modélisable ».
Ces mots à eux seuls disent presque tout de votre profil et nous pourrions nous en arrêter là mais ce ne serait pas suffisant pour parler de l’homme unanimement apprécié par la fine équipe de la DD comme vous aimez à la nommer.
Tout d’abord, pour ceux qui ne le savent pas, ce que vous appréciez particulièrement, c’est rire et je ne crois pas que vous ayez passé de nombreuses journées à la DDEC depuis toutes ces années sans que l’humour soit au menu quotidien. Et en la matière, une certaine candeur et ignorance de votre part ont pu parfois déclencher l’hilarité générale.
Votre sens de l’autodérision m’autorise, je pense, à citer quelques anecdotes soufflées par les membres de la DDEC :
– ce jour où vous avez demandé un « ibuprophète » pour soigner votre mal de tête ;
– quand vous avez utilisé le terme hélice pour désigner un ventilateur ;
– mais aussi votre célèbre prononciation des mots anglais : un « spry » pour désigner une bombe pour assainir l’air, « watchap » pour évoquer la messagerie instantanée ou bien « you tunes » pour parler de you tube.
Ce qui est marquant également chez vous M. AILLET c’est la simplicité de votre relation. Pas de barrière, pas de distance, la porte du bureau toujours ouverte, une grande confiance accordée aux collaborateurs, de l’humilité et une capacité à dire que vous ne savez pas et que vous avez besoin de l’autre. Vous aimez la simplicité, vous aimez les gens simples.
Je parlais de confiance. Vous la donnez immédiatement, sans conditions et quasiment sans limite. Cela vous a parfois coûté de douloureuses expériences car, tout homme converti que vous soyez, vous avez beaucoup de mal à déceler le malin. Cela aura été une souffrance par moment difficile à supporter.
Déroutant, insaisissable, éclectique parfois étrange vous l’êtes et c’est probablement aussi cet aspect de votre personne qui fait que nous vous apprécions particulièrement. Si je peux me permettre, vous êtes multi-facettes.
Par exemple, si on nous pose la question de votre style littéraire préféré, nous ne saurons pas répondre car sur votre table de nuit se côtoient à côté de la Sainte Bible, un recueil de poèmes de Jorge Guillèn, une BD de Corto Maltese, Soumission de Houellebecq, une œuvre philosophique de Simone Weil, le carnet de voyage de Stevenson, un roman de Jean Raspail, sans oublier bien évidemment le dernier arrivé « Embarqués avec Jésus » dont je tais volontairement le nom de l’auteur pour éviter d’être sous la menace d’une plainte pour conflit d’intérêt ou pour publicité déguisée.
Vos goûts musicaux ? Pour ceux qui ont eu la chance de covoiturer avec vous, au-delà du fait qu’ils auront dû se couvrir comme Saint Georges pour affronter le frimas sortant des grilles d’aération de la climatisation réglée à 14 degrés de votre voiture, leurs oreilles pourront agréablement être traversées par un concerto de Tchaïkovski, un chant grégorien, la poésie de Gilles Servat, un blues de Willy Deville, un rock de Pati Smith ou le son du piano-bass typique des œuvres de Jim Morisson et des Doors.
Bref, difficile de vous faire entrer dans des cases M. Aillet. Vous êtes un « anarchrist » comme vous aimez à le rappeler et ce caractère rebelle trouve probablement son origine dans cet esprit qui vous a conduit un jour à venir déposer le drapeau patagon en toute illégalité sur une île britannique. Cela en dit beaucoup du personnage et notamment de la force de ses convictions face à ce qu’il peut estimer comme injuste.
Vous avez aussi parfois le vice de la « gentille » provocation. Pour preuve, l’invitation faite pour l’inauguration des nouveaux locaux de la DDEC. Vous aviez voulu franciser le mot cocktail en empruntant l’orthographe québécoise « C.O.Q.U.E.T.E.L. ». Nous vous avions fait alors remarquer que la plupart des personnes penserait que c’était une erreur d’orthographe mais vous avez, avec beaucoup de malice, insisté pour qu’on le maintienne écrit ainsi. Je vous laisse imaginer le nombre de mails reçus pour dire qu’il y avait une erreur sur le carton d’invitation.
Et oui, M. Aillet c’est l’alliance de la complexité et de la simplicité, difficile à concevoir mais il est la preuve vivante que cela existe.
Enfin, ce qui vous caractérise M. Aillet et qui a toujours fait l’admiration de l’équipe, c’est votre sens du devoir, du service et de la mission. Il y a 5 ans vous avez accepté de faire un retour emploi retraite rémunéré à mi-temps à la DDEC à la demande de Mgr Cattenoz. Depuis 5 ans, la seule chose que vous faites réellement à mi-temps, ce sont vos nuits. Pas de carriérisme juste le sens du service. Vous avez durant ces années eu une conviction : le pilote doit être un témoin. Cette conviction vous l’avez mise en œuvre continuellement en témoignant la force de votre Foi pour affronter la rudesse de la vie mais aussi en révéler la beauté. Chacun auprès de vous a pu cheminer.
Il y a quelques mois, nous avons vécu avec les Chefs d’établissement un séminaire très marquant et très fort à l’EMD dont le thème était manager éthique ou éthique managériale. Cette question est fondamentale pour un manager mais je crois pouvoir dire que vous avez vous inventé dans votre façon de piloter la fine équipe de la DDEC le management fraternel, pour ne pas dire paternel.
Ce management il cherchait avant tout l’unité, la confiance, la vérité et la fraternité.
Alors, bien évidemment, vous n’avez pas que des qualités, mais comme je ne disposais que de dix minutes, je n’étais pas certain que cela suffise pour évoquer tous vos défauts. J’ai donc fait le choix de la raison, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.
Pour conclure, nous avons souvent ri en reprenant cette phrase écrite par Pierre Dac « Quand on entend ce que l’on entend, que l’on voit ce que l’on voit, on a raison de penser ce que l’on pense. »
Alors M. Aillet quand on entend les témoignages que l’on vient d’entendre, que l’on voit ce que l’on voit avec toutes ces personnes réunies pour votre départ, je pense que vous pouvez vous autoriser enfin à penser que votre mission est réussie.
Isabel, Virginie, Stéphane, Isabelle, Mætitia, Béatrice, Stéphanie, Fabien et moi-même vous remercions très sincèrement pour les années passées à vos côtés.
Chère Marga, Cher Thierry que Dieu vous protège.
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Sur RCF, M. AILLET et M. de COAT, son successeur au 1er septembre 2021
Sur le site du diocèse d’Avignon